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Visitons ensemble le
manoir de Dur-Écu !

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Vous êtes devant le premier moulin, en face du panneau d’explications

 

Sur votre gauche se trouve le ruisseau du Caudar, nom qui vient du scandinave et signifie «eau fraîche».

La présence de l’eau, d’un terrain plat en adossement à la colline fait que ce site est habité depuis la préhistoire. 

 

Les 3 moulins datent de 1820 (1 en ruine, 2 réhabilités en gîtes). Chaque moulin écrasait une céréale différente : du blé, de l’orge ou du sarrasin. Sur la droite du 1er moulin les accroches des roues et le système d’irrigation sont toujours visibles. les roues étaient entraînées par une dérivation du Caudar.

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Au XIXe siècle, la Normandie se spécialise vers l'exploitation laitière. Mais, avant, la production d'une ferme ne servait qu’à y vivre. Il y avait très peu d’échanges monétaires, surtout du troc. Un moulin était générateur de richesse car, grâce à la vente du grain, les meuniers touchaient des pièces sonnantes et trébuchantes. Sur la colline, invisible pour nous, se tiennent les ruines d'un des 5 moulins à vent de la Hague.

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Le propriétaire de Dur-Ecu est décrit au début du XIXème siècle comme meunier, soulignant bien que cette activité était la plus rémunératrice.

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Si vous regardez vers la mer, vous pouvez peut-être y apercevoir une tourelle, la balise de Ras-Bannes. Auparavant la foret de Bannes s’étendait jusqu’à la balise. Avec le temps, la mer s’est rapprochée. La forêt a été une source de légendes à la période romantique, mais elle avait disparu avant que les hommes ne peuplent la région

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Tournez vous maintenant vers le Donjon

 

Le manoir que vous voyez date surtout du 16e siècle, mais il a remplacé des constructions plus anciennes.

 

Le donjon est la tour principale d’un manoir ou d’un château. Il est couronné de mâchicoulis pour envoyer pierres ou des projectiles. Sa base est légèrement en pente pour que ces projectiles rebondissent vers les ennemis. Il a été reconstruit après la 2ème guerre mondiale

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Vous remarquez une poivrière : c’est la petite tourelle en hauteur et en angle avec des meurtrières (elle protège 2 cotés du manoir).

 

Un autre mâchicoulis est au-dessus d’une porte devant laquelle passe un petit ruisseau. C’est à la fois moyen de défense et des latrines !

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Mais d’où vient le nom de Dur-Écu ?

 

Guillaume le Conquérant, surnommé le bâtard ( car fils d’un noble et d’une lavandière), envahit l’Angleterre en débarquant à Hastings en 1066. Un ennemi se jeta sur le duc en dirigeant sa hache vers sa tête. Mais un des compagnons de Guillaume, Richard Le Fort, s’interposa avec son bouclier - l’écu - et la hache resta figée dans l’écu, ainsi le duc fut sauvé. D’où le nom de Dur-Écu, symbole de courage et de force.

De nombreuses familles et forteresses ont hérité du nom de Dur-Écu ou Fortescu(e).

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Les manoirs sont généralement cachés de la mer, c'est bien de là que vient le danger (pirates, etc.).

Ce manoir, aux nombreuses dispositions défensives, aurait été situé volontairement à cet endroit, car c'est là que la route royale, qui suivait la grève (les plages), quitte la mer pour grimper dans les falaises de la Hague. Il avait donc une fonction de contrôle, peut-être de perception du droit de tonlieu (péage ou octroi).

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En 1307, 1ʳᵉ mention dans les chroniques de « feodum de duro scuto », le manoir est alors un sous-fief d’un autre Dur-Écu situé à Gatteville. Il a alors brièvement appartenu à Philippe Le Bel (Roi de France de 1285 à 1329,).

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On ne sait pas à quoi ressemblait le manoir en 1300. Généralement un manoir était fait de 2 parties distinctes, qui se touchaient ou pas :

- La « salle » ou grande salle qui était un espace public

- Les « chambres », espace privé, mieux défendu.

On peut penser par exemple qu'au tout début « les chambres » étaient dans le donjon.

 

Dans les années 1418-1450 le Nord-Cotentin était sous occupation anglaise et ce fut une période de reconstruction. À ce moment-là, la grande salle était vraisemblablement devant vous, en face du petit lavoir qui est à flanc de colline.

Vous verrez plus tard qu'il a été « modernisé » vers 1600.

 

Aux XVIIème et XVIIIème siècles, Dur-Écu a changé souvent de propriétaire, en perdant et regagnant sa qualité de fief noble plusieurs fois. D'où un mauvais entretien des bâtiments dû à l’absentéisme des propriétaires.

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Dirigeons nous maintenant vers la cour principale.

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En passant nous verrons

- sur notre droite, pendue au donjon, une cloche. Elle servait pour appeler les ouvriers agricoles pour le début ou la fin du travail, les repas.

- sur la gauche un lavoir, alimenté par une autre dérivation du Caudar.

  • Il fournissait l’eau pour la cuisine et les besoins de la maison

Le bâtiment que vous longez, parallèle à la colline est la partie la plus ancienne, mais elle a bien changé, avec des ateliers au RdC.

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Dans la cour principale

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Regardons d’abord la façade principale du manoir. Cette aile, perpendiculaire à la colline, a vraisemblablement été rajoutée à la Renaissance.

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Vers 1600 Dur Écu est acheté par Thomas Lesdos qui était magistrat à Cherbourg et a aidé Henry IV à garder cette ville pour le roi. Il a en effet besoin d'une « terre noble » pour être lui-même ennobli.

 

C'est lui vraisemblablement qui modernise Dur Écu avec tous les éléments Renaissance que vous voyez, comme les fenêtres à meneaux (en croix) et les ouvertures rondes de la cave (c'était la grande mode, mais ça coûtait cher, aussi de l'autre coté elles sont carrées!). Du coup il construit une grande salle prestigieuse en face de vous.

Cette salle peut se visiter, ainsi que les caves, lors des Journées Européennes du Patrimoine. De façon générale, en dehors de ces Journées, seul l'intérieur du pigeonnier se visite.

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Cette cour est un bon endroit pour se demander la différence entre Manoir et Château.

 

Manoir et château ont en commun d’être des demeures de défense et de prestige.

  • Construits sur 2 étages dès le Moyen-Age, réunis par un escalier, ce qui était rare à l'époque, donc prestige.

  • À la Renaissance on ajoute les fenêtres à meneaux, éléments de prestige.

  • Par contre, les meurtrières en clés pour les arquebuses ou en losanges pour les arbalètes, les mâchicoulis servaient bien à la défense.

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La différence vient de ce qu’un manoir est tout d’abord une ferme. Cette ferme est gérée directement par le seigneur du manoir.

Dans un château, la ferme est confiée à une personne qui a la confiance du seigneur. Les bâtiments de fermes sont bien séparés.

 

 

Sur les côtés Nord et Ouest vous voyez donc les bâtiments de la ferme

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Au Nord, contre la colline, la boulangerie avec son four. Notez que dans le Nord-Cotentin chacun pouvait avoir un four, ce n'était pas un privilège seigneurial.

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À sa suite l’écurie.

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À leur droite, à l’Ouest, un bâtiment d’habitation avec quelques trous pour les pigeons.

Plus bas était la laiterie où l’on faisait du beurre à la baratte jusqu’en 1970

Le bâtiment se termine par l’étable à vaches (selon l'expression locale)

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À gauche du porche d’entrée l’étable à cochon (appelées aussi cotins ou burets).

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Sous le chêne, un puits.

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Allons à coté du puits.

 

Si l’on regarde la tour carrée du manoir, on y voit encore un mâchicoulis.
Mais à quoi pouvait-il servir ?

Il ne protège aucune porte ni aucune fenêtre.

Il est sous le dernier étage donc il ne servait pas de latrines.

Avez vous la réponse ?

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En fait, il donne sur une pièce aménagée en pigeonnier. Quand le manoir était menacé, on enfumait le colombier principal (celui que nous allons bientôt visiter) et les pigeons se réfugiaient dans cette pièce.

On fermait les volets et – le tour était joué – on avait de la viande et des œufs pour toute la durée du siège !

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Plus loin nous avons la charretterie. Admirons sa belle fenêtre avec un motif en forme de boule. Sur les lucarnes du pigeonnier on repère de même des boules. Pourquoi ?

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Ce motif était réservé aux maisons nobles… et signifiait donc aux percepteurs que cette maison était exempte de l’impôt de la taille qui frappait les roturiers !

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Allons donc vers le colombier (ou pigeonnier).

 

Rentrons dans le pigeonnier.

 

2000 cases pouvant héberger chacune un couple de pigeons sont réparties sur les murs. Le pigeon est elevé pour ses oeufs et sa viande. 

Comme vous le savez les pigeonniers étaient un privilège de la noblesse, un des privilège les plus haïs des paysans.

En effet le pigeon est pratique pour le seigneur, car c’est le seul animal qui se nourrit tout seul. Et où se nourrit-il ? sur les terres avoisinantes, qu’elles lui appartiennent ou pas. D’où les plaintes et doléances des paysans !

 

La charpente spectaculaire a été refaite en 1992, sur le modèle ancien.

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Ressortons et tournons à gauche vers le 2ème lavoir et le donjon

 

Ce lavoir, sous la poivrière, servait à laver le linge.

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Ce lavoir-ci servait à laver le linge.

 

Le jardin, sur la gauche, se visite uniquement lors des Journées Européennnes du Patrimoine.

 

Comparez ce que vous voyez avec ces images de 1944 :

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Le manoir a été bombardé juste avant le D Day du 6 juin 1944 car il y avait sur la colline au-dessus une station d’écoute radio allemande. S’il n’avait pas été détruit, les occupants auraient pu détecter l’arrivée de la flotte alliée.

2 vagues de bombardiers sont venus de la mer les 1er et 3 juin pour raser ce centre. Le manoir était sur leur trajectoire et a donc reçu quelques bombes.

 

Les dégâts étaient tels que la commission des dommages de guerre a conseillé à la grand-mère de l’actuel propriétaire d’abattre le reste et de se construire une villa.

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Indignée, Marie-Hélène René-Bazin les a chassés et a commencé la restauration du manoir. Ce que vous voyez aujourd’hui est le résultat des efforts de 3 générations d'une même famille, assistées d'artisans passionnés et talentueux.

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Il ne nous reste plus qu’à vous remercier pour cette visite, en espérant qu’elle vous ait intéressée.

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Si c’est le cas merci de contribuer à l’entretien et la restauration du manoir en versant le prix de la visite (suggestion : 5 € par adulte, mais le montant est libre) à côté du panneau explicatif du premier moulin.

 

Votre circuit de retour, à votre rythme, est le même qu’à votre arrivée.

 

Bonnes vacances dans la Hague !

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